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la guerre
29 novembre 2008

guerre et civilisation (Jacques Dufresne)

9782080812414FS



guerre et civilisation


Jacques DUFRESNE


Présentation
Cet article, écrit pendant la guerre du Golfe en 1991, met en relief le fait que la guerre, définie comme un conflit codifié, soumis à des règles, est une chose civilisée, par rapport au terrorisme et à toute forme de violence sauvage. «Quand tous se battent contre tous, écrit Michel Serres, il n'y a pas état de guerre, mais violence, crise pure et déchaînée, sans arrêt possible, et menace d'extinction de la population qui s'y adonne. En fait et par le droit, la guerre nous protège contre la reproduction indéfinie de la violence.»


Extrait
Face à un ennemi trop fort, tout est permis. Tel semble être le credo des masses arabes. Ce credo suscite une profonde sympathie dans le reste du monde pour la bonne raison qu'il correspond à un trait humain universel:  contre Goliath, David peut tout se permettre!



Texte
«Par définition, la guerre est un état de droit.» Je trouve cette phrase étonnante au début du dernier livre d'un auteur à qui on ne peut sûrement pas reprocher d'avoir été influencé par Rambo : le philosophe Michel Serres.

Dans ce livre, Le Contrat naturel, que j'ai présenté récemment dans cette chronique, Michel Serres rappelle aussi que les hommes se servent des guerres pour régler leurs différends, mais sans jamais tenir compte d'un ennemi commun, qui devrait en principe être un ami : la nature. Il démontre qu'à mesure que les guerres s'aggravent, que les armes se perfectionnent, les avantages que peut en tirer le vainqueur sont de plus en plus dérisoires par rapport aux torts faits à la nature et par là à l'ensemble de l'humanité et donc au vainqueur lui-même.

Ce pacifisme de principe ne met pas Michel Serres en contradiction avec sa thèse sur la guerre comme état de droit. C'est la dégradation récente et accélérée de la nature qui fait apparaître la guerre comme une catastrophe absolue plutôt que comme un moindre mal.

La guerre, un état de droit ! Y-a-t-il vraiment lieu de s'étonner de cette position?  La guerre n'est pas la violence. Elle est la violence encadrée, réglementée, limitée. Elle suppose un contrat qui en marque le début: c'est la déclaration réciproque de guerre et un autre qui en marque la fin : l'armistice et ses conditions.

Si une telle institution n'était pas apparue un jour, jamais la civilisaiton n'aurait pu se développer. La violence aurait été constante et omniprésente. «Quand tous se battent contre tous, écrit Michel Serres, il n'y a pas état de guerre, mais violence, crise pure et déchaînée, sans arrêt possible, et menace d'extinction de la population qui s'y adonne. En fait et par le droit, la guerre nous protège contre la reproduction indéfinie de la violence.»

Michel Serres nous rappelle que si on ne parle pas des cultures qui ont été victimes de cette reproduction de la violence, c'est parce qu'ayant été ainsi détruites, ces cultures n'ont pas accédé à l'histoire, à la mémoire.

Il faut cependant préciser qu'aux plus belles heures de la civilisation, la guerre ne touchait pas les populations civiles et était réglementée au point de rendre possible des trêves, comme celles qui marquaient les Jeux Olympiques en Grèce.

Les règles du jeu
Les guerres d'aujourd'hui étant ce qu'elles sont, la définition classique de la guerre ne s'applique à elles qu'en partie. La chose est incontestable ; il faut cependant y voir non pas une raison supplémentaire de faire fi des règles du jeu, mais au contraire une obligation accrue de respecter les quelques-unes qui subsistent.

Le traitement que Saddam Hussein inflige aux prisonniers de guerre alliés est particulièrement odieux vu sous cet angle ; il en est ainsi des attaques contre Israël, un pays qui n'est pas en guerre contre l'Irak ; il en est ainsi, à plus forte raison, du terrorisme international dont a vu cette semaine les effets au Liban et en Turquie.

Au même moment, répliquent les Irakiens, les alliés s'attaquent aux populations civiles de notre pays. En Irak même et dans de nombreux autres pays arabes de la région, en Jordanie notamment, on est d'autre part persuadé que le terrorisme et le sort fait aux prisonniers sont amplement justifiés par la supériorité militaire démesurée des alliés et par le préjugé favorable dont jouirait Israël dans le camp des pays riches.

Une profonde sympathie
Face à un ennemi trop fort, tout est permis. Tel semble être le credo des masses arabes. Ce credo suscite une profonde sympathie dans le reste du monde pour la bonne raison qu'il correspond à un trait humain universel : contre Goliath, David peut tout se permettre !

C'est pourquoi les Occidentaux parlent dans le désert - c'est le cas de le dire - quand ils invoquent le droit indivisible ou la convention de Genève sur les prisonniers de guerre. Aux yeux de tous les petits du monde, ils ont le tort d'être démesurément forts.

Quand le fort invoque le droit, il est toujours suspect. C'est l'argument central des pacifistes. Mais comment ne pas voir que c'est le droit encore plus que la force qui est discrédité par cette suspicion.

Et comment ne pas voir que le plus sûr moyen de faire le lit de la force est de discréditer le droit. Comme quoi il y a une complicité congénitale, quoique paradoxale, entre le pacifisme et la force.

Il existe de solides preuves historiques de cette complicité. Quiconque connaît un peu l'histoire contemporaine sait que les pacifistes européens des années 1930 sont directement responsables de la guerre de 1939. Ils ont empêché les pays alliés de faire respecter le traité de Versailles, dont Hitler se moquait déjà dès 1933. Pour tuer la puissance nazie dans l'œuf, il aurait suffi, à ce moment, d'une petite promenade militaire. Mais non, les pacifistes et à leur suite les gouvernements européens, français et anglais d'abord, ont préféré croire qu'Hitler était un être bienveillant.

Un danger pour l'humanité
Pour ce qui est de la guerre du Golfe, la question cruciale paraît de plus en plus claire à la lumière de ce qui vient d'être dit. Depuis l'implosion de l'étoile soviétique, qui paraît pour le moment irréversible, les États-Unis jouissent d'une puissance militaire qui paraît démesurée et qui de toute évidence pourrait constituer un danger pour l'humanité. Cette dernière a le choix entre conspirer contre la puissance américaine jusqu'à ce qu'une nouvelle contre-puissance surgisse ou au contraire accepter d'entrer dans cette pax americana que le président Bush appelle le nouvel ordre mondial.

Si les États-Unis n'avaient pas pris la précaution de se mettre du côté du droit et des Nations Unies, les pires craintes à l'égard de la pax americana seraient justifiées. Mais ils n'ont pas commis cette erreur. D'autre part la prospérité de leurs ennemis d'hier, l'Allemagne et le Japon, prouve que de grands peuples peuvent s'épanouir sous leur tutelle militaire. Le malheur frappe plutôt les pays qui leur ont résisté, comme Cuba et le Vietnam.

On me dira que c'est moins de l'hégémonie américaine que de la guerre froide, de l'équilibre entre les deux super-puissances que l'Allemagne et le Japon ont profité pour assurer leur épanouissement; et que rien ne garantit qu'une Amérique sans rival saurait résister à la tentation des puissances impériales.

Un rôle accru des Nations Unies
La question est évidemment complexe. De toute évidence le monde a tout à gagner d'un rôle accru des Nations Unies. Une pax americana comme celle qui a permis l'épanouissement de l'Allemagne et du Japon est sûrement préférable, y compris du point de vue écologique, à un monde en proie à une multitude de conflits locaux et régionaux.

Faut-il exclure un ordre mondial tel que les Nations Unies interviendraient seules dans les conflits mineurs tandis que les États-Unis, en accord avec les mêmes Nations-Unies continueraient pendant un certain temps à jouer un rôle de premier plan contre les ennemis du droit de la taille de l'Irak.

Comment ne pas souhaiter que des puissances désintéressées interviennent rapidement pour protéger certaines régions d'Afrique contre leurs propres querelles tribales.

Le gouvernement mondial idéal ressemblerait à la confédération que les Européens tentent de constituer en s'efforçant d'empêcher l'Allemagne d'y jouer un rôle trop important. Surtout une puissance économique, l'Allemagne, qui n'a pas la bombe H, voit son pouvoir tempéré par la France et l'Angleterre. Surtout une puissance militaire, les États-Unis doivent tenir compte de la puissance économique de l'Allemagne et du Japon. Il y a peut-être là les conditions d'un équilibre mondial qui pourrait durer quelques décennies.

http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Terrorisme--Guerre_et_civilisation_par_Jacques_Dufresne




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27 novembre 2008

réponse au petit questionnaire

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réponse au petit questionnaire


Coventry
Dans la nuit du 14 au 15 novembre 1940, près de 500 bombardiers allemands attaquèrent le centre industriel de Coventry, dans le centre de l'Angleterre. Ils larguèrent 150 000 bombes incendiaires et plus de 500 tonnes d'explosifs. Ce raid aérien détruisit l'essentiel du centre de la ville, dont 12 usines d'armement et la cathédrale historique de Saint Michael. Le bombardement de Coventry devait symboliser, pour la Grande-Bretagne, le caractère impitoyable de la guerre aérienne moderne.

http://www.ushmm.org/wlc/media_fi.php?lang=fr&ModuleId=8&MediaId=343

Orverlord
Overlord est le nom de l’opération d’ouverture du front Ouest qu’attend le camp allié depuis 1942. Elle débute avec le débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, et se poursuit par la bataille de Normandie. Overlord a entraîné une concentration extraordinaire d’hommes et de matériel, d’abord de part et d’autre de la Manche, puis en Normandie même jusqu’à l’exploitation de la percée américaine, à partir du 30 juillet 1944.

http://overlord44.free.fr/

Intifada
Soulèvement de la jeunesse palestinienne contre l'armée israélienne en 1988, puis en 2000. Intifada : en arabe, l’acte consistant à «relever la tête» et, par extension, le «soulèvement». Cette révolte qui s’est déclenchée, début décembre 1987, à Gaza et en Cisjordanie a été plus massive et plus déterminée qu’aucun mouvement antérieur dans les Territoires occupés, la «révolte des pierres» a profondément modifié le paysage proche-oriental.

Gavrilo Princip
Étudiant serbe de Bosnie, de 19 ans, meurtrier de l'archiduc d'Autriche, François-Ferdinand, à Sarajevo le 28 juin 1914, jour de la fête nationale serbe. L'héritier de la couronne impériale était venu commander des manœuvres militaires dont le thème était une attaque contre la Serbie. Cette cynique provocation suscita la colère des jeunes patriotes serbo-bosniaques. L'Autriche, qui désirait passionnément la guerre, prit le prétexte de cet attentat pour déchaîner les hostilités et embraser toute l'Europe. On ne raconte jamais ce qu'il advint de Gavrilo Princip, cet humble étudiant qui infléchit les destinées de l'humanité. Son jeune âge le protégea de la pendaison, mais la justice de l'oppresseur trouva bien mieux que la potence : la mort lente, pendant trois ans et demi, d'abord dans un cachot jamais chauffé, où il était enchaîné nuit et jour, puis dans un hôpital militaire. Cela se passait à Theresienstadt (en tchèque, Terezin). Le jeune Serbe souffrait de tuberculose osseuse : on dut l'amputer du bras gauche. La nourriture était digne d'un camp de concentration. Gavrilo supporta toutes ces épreuves avec un calme stoïcisme, et il ne désespéra jamais de sa patrie. Il mourut le 28 avril 1918, quelques mois avant le triomphe de sa cause.


Blitzkrieg
Mot allemand de genre masculin qui désigne la campagne éclair menée par l'armée allemande contre la Pologne en septembre 1939, puis contre les armées françaises, britanniques, néerlandaises et belges en mai et juin 1940. Le Blitzkrieg est une doctrine opérationnelle bien maîtrisée, impliquant des forces blindées supérieures en qualité jouissant d’une supériorité en nombre écrasante, une utilisation intensive de l’équipement de communication et une puissance aérienne coordonnée caractérisent cette image mentale. L'image admise généralement (mais elle est discutée) veut que ces divers aspects aient été combinés pour contourner la ligne Maginot, traverser les Ardennes à Sedan et, grâce à une série de coups de faux, obtenir une série de victoires qui ont entraîné l’effondrement militaire et la reddition de la France.

Lebensraum
Terme allemand de géopolitique datant du XIXe siècle et traduit par "espace vital". Il est utilisé par Hitler dans Mein Kampf (1924) en un sens différent des précédents puisqu'il s'agit de conquérir non pas des colonies mais des territoires sur le continent européen au détriment des peuples slaves.

Théorie "des dominos"
Théorie géopolitique élaborée au temps de la Guerre froide par l'administration américaine et notamment le président Eisenhower en 1954. Elle postule que la "chute" d'un pays au profit du camp communiste provoque par contagion la chute de ses voisins en Asie du Sud-Est. Elle a justifié la stratégie d'endiguement (containment). Et aussi les demandes de crédits auprès du Congrès. Cette vision a surestimé l'idéologie communiste et sous-estimé le poids du nationalisme.

Six Jours
Guerre victorieuse menée par Israël contre l'Égypte à partir du 5 juin 1967. L'’Etat hébreu occupe ainsi le Sinaï, le Golan, la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est.

Kippour
Guerre déclenchée le 6 octobre 1973 au moment de la fête religieuse juive du Yom Kippour (Grand Pardon). Les troupes égyptiennes et syriennes lancent une offensive pour reconquérir les territoires occupés par Israël depuis 1967. Les Etats-Unis aident militairement Israël, l’URSS les pays arabes. Au début, l’Égypte (1500 chars, 222 bombardiers et près de 300.000 hommes) franchit le canal de Suez et perce dans le Sinaï, territoire israélien depuis 1967. La Syrie (100 000 hommes, 1000 chars), quant à elle, tente de récupérer le plateau du Golan, mais se voit rapidement freinée par les troupes israéliennes (275.000 soldats). Celles-ci répliquent rapidement, avançant sans trop de difficultés vers Damas, le Caire et Suez. Malgré sa défaite, l’Égypte redore son blason par le simple fait d’avoir infligé des pertes à l’armée israélienne.
D’un point de vue militaire, la guerre du Kippour apparaît comme un «conflit charnière» entre un mode de combat qui est le fruit de la Seconde Guerre mondiale et celui né de l’application systématique des nouvelles technologies à l’outil militaire. Pour la première fois depuis 1945, un théâtre d’opérations mécanisé de haute intensité donne un aperçu de ce qu’aurait pu être un affrontement majeur entre l’OTAN et le Pacte de Varsovie.


Sale guerre
Répression militaro-policière violente exercée par une armée contre des éléments civils (Algérie, 1957), ou répression d'État exercée par des dictatures militaires qui usent de moyens illégaux et anti-démocratiques (années 1960, 1970 et 1980 en Amérique latine, en particulier en Argentine, au Brésil), ou répression et manipulation exercées par des sous-ensembles d'un appareil répressif d'État contre des adversaires politiques violents (Algérie des années 1990 contre les islamistes).

Guerre propre
17 janvier 1991 : première guerre du Golfe. Tout juste six semaines de guerre furent nécessaires pour obtenir la libération du Koweït, envahi par les troupes irakiennes. On parle pour la première fois de "guerre propre" et de "frappes chirurgicales". Intériorisé par la plupart des Français à cette époque, l'énoncé «guerre propre», réapparaît au gré des discours sur les conflits de la fin du XXe et du début du XXIe siècle. Dans cette optique, l'armée doit préserver au maximum les civils, appliquer les lois de la guerre et les conventions internationales, et autant que faire se peut respecter les Droits de l’Homme. Parfois même vient se greffer un rôle humanitaire, voire social… Une guerre propre ne doit (presque) pas faire de victimes chez l'assaillant, pas de bavures ni de dommages collatéraux chez l'adversaire.

Oppenheimer
1904-1967. Savant américain d'une grande vivacité intellectuelle (il avait appris le latin et le grec en même temps que la physique et la chimie). En 1942, il rejoint le projet Manhattan (140 000 personnes sous la direction de général Leslie Groves), nom donné au projet de la première bombe atomique américaine, développé aux laboratoires nationaux de Los Alamos. Il est considéré comme le "père de la bombe atomique".
En juillet 1945, trois bombes sont prêtes. L'une d'elle, au plutonium, est testée le 16 juillet 1945 à Alamogordo, dans le désert du Nouveau Mexique. Succès complet.
Un ultimatum lancé contre le Japon est rejeté par celui-ci le 28 juillet. Le 6 août 1945, à Hiroshima, 8 heures 15 du matin, "Little Boy", bombe atomique à l'uranium 235, est lâchée par un bombardier B-29, surnommé "Enola Gay". Elle explose faisant 70 000 morts immédiates et 200 000 morts au total jusqu'à la fin du XXe siècle.
Le 9 août 1945, à Nagasaki, "Fat Man", bombe au plutonium 239, explose faisant 40-000 morts immédiates et 120 000 morts au total jusqu'à la fin du XXe siècle.
À la fin du XXe siècle, 300 000 survivants souffrent encore des séquelles de ces deux explosions.

Pentagone
Le Pentagone est un bâtiment qui se trouve à Arlington (Virginie), près de Washington (D.C.), la capitale fédérale des États-Unis d'Amérique. Il abrite le Dépeartement de la Défense depuis 1943. C'est le siège du commandement de toutes les forces armées des Etats-Unis. Outre les états-majors des différentes armées et services, on trouve principalement au Pentagone les bureaux des personnalités suivantes : secrétaire d'État à la Défense ; secrétaire d’État à l’Armée ; secrétaire d’État à la Marine ; secrétaire d’État à l’armée de l’Air ; chef d’état-major des Armées ; chef du bureau de la Garde nationale.





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